mercredi 10 août 2016

C'EST A LA DESCENTE DE SON HÉLICOPTÈRE PERSONNEL

C'EST A LA DESCENTE DE SON HÉLICOPTÈRE PERSONNEL (QU'IL PILOTE LUI-MÊME) QUE NOUS AVONS CROISÉ HENRI PESCAROLO VENU EN AMI À L'INAUGURATION DE LA LOTUS DRIVING ACADEMY AU GRAND SAMBUC.

Quels souvenirs gardes-vous de votre troisième place à Monaco en 1970 avec la Matra MS120b ? Bizarrement, ce fut une grande déception. Je ne lisais pas trop les journaux quand je courais mais, après avoir terminé troisième, moi pilote français, pour mon premier Grand Prix en FI, qui plus est à Monaco, je pensais que ça allait faire sensation. Je lis donc L'Équipe le lendemain matin, et rien. La seule phrase écrite à mon sujet disait en substance: a Henri Pescarolo a emmerdé Jochen Rindr durant tout le Grand Prix ». Aujourd'hui, quand un pilote français termine huitième, ça fait presque la première page du journal.

Ça change des FI modernes cette MS120, non ? Chaque fois qu'on démarre une Matra, k public est sidéré par ce bruit. Ils n'ont plus l'habitude maintenant qu'on fait des courses de voitures électriques. J'ai du mal à parler des Fi d'aujourd'hui. Apparemment je ne suis pas k seul car beaucoup de gens s'en désintéressent. C'est difficile à expliquer, mais il faut dire que ce sont devenu des courses un peu artificielles avec ces pneus qu'il faut changer tout le temps, ces pilotes qui attendent que leurs adversaires dégradent les leurs. La course se joue plus souvent dans les stands que sur la piste et le public n'y comprend plus grand-chose.

Je ne veux pas dénigrer mais je constate qu'on s'y intéresse de moins en moins. Ce n'est pas tant k problème des autos que celui du spectacle, trop artificiel à mon avis de jeux de voiture. En WEC, la bagarre entre les trois constructeurs est géniale. Il y a aussi le problème de l'évolution des budgets. Quand je suis rentré chez Williams FI avec Motul ça avait dû coûter 500 000 francs. Quand je me suis battu avec mon équipe contre Audi en Endurance, mon budget était de 3,5 millions d'euros quand le leur atteignait déjà (et c'était normal pour un constructeur) 65 millions d'euros. Cette année, chez Porsche, c'est 240 millions. La bulle risque d'exploser à un moment mais cela dit, malgré ses déboires cette année, le Groupe VW continue de laisser deux de ses marques s'affronter avec pour chacune un budget supérieur à 200 millions d'euros.

Et au quotidien, vous roules avec quoi ? En fait, je vole beaucoup et je roule peu. Rouler est devenu plus qu'une contrainte, c'est impossible de prendre le moindre plaisir de nos jours. Quand je suis obligé de conduire c'est pour me déplacer d'un point A à un pointe. et je m'endors au volant. Du coup, je perds mes points, non pas six par six mais un par un parce que je passe devant les radars à 120 au lieu de 110. J'ai eu l'occasion d'essayer la dernière California T d'un ami qui m'a demandé de lui montrer comment ça marchait. Les suspensions comme k moteur sont fabuleux mais vous êtes très vite à plus de 200. C'est intenable. Heureusement, il reste le rêve. Les gens qui achètent ça vivent un rêve mais si c'est pour rouler à 90 ou à 130, à quoi bon? Autant quand je monte dans une voiture, ça me fait sombrement ch..., autant lorsque je monte dans un hélico, je suis très heureux. Avant, quand on pouvait rouler, j'aimais bien avoir de belles autos mais c'est fini, c'est trop frustrant.
Parole donnée Chaque mois. nous mettons en avant les paroles d'une personnalité du milieu automobile ou d'ailleurs. Anecdotes. explications. ambitions. visions. tous les sujets peuvent être abordés dans Parole donnée.

HENRI PESCAROLO

Vous n'avez jamais possédé ou collectionné de belles autos? Non, mais j'aurais dû. En fait, je suis à la base un paysan-chasseur et j'ai surtout des 4x4 où je peux mettre mes chiens et mes fusils. Et puis, j'avais souvent des voitures de fonction dans les écuries pour lesquelles je courais, je n'ai jamais mis beaucoup d'argent dans les autos. J'aurais pu, et j'aurais dû en garder ; je me souviens que chez Matra on jetait les autos de course à la fin de la saison. Il y avait très peu de collectionneurs à l'époque, on nous donnait les autos mais j'étais trop jeune pour savoir qu'il fallait les garder. À suivre... ■ Propos recueillis par Patrick Garda